Collège du Parc
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08/05/17

Désireux d’inculquer à ses élèves les notions fondamentales de citoyenneté et de démocratie, il était important que le Collège du Parc soit représenté lors de la cérémonie commémorative du 8 mai, à Illkirch-Graffenstaden, place du Général de Gaulle.

Ainsi, entourés des autorités militaires et civiles, parmi lesquelles Monsieur Claude Froehly, maire d’Illkirch-Graffenstaden, Monsieur Jacques Bigot, sénateur du Bas-Rhin, Monsieur Philippe Bies, député du Bas-Rhin et également entourés de représentants d’associations d’anciens combattants, deux élèves de troisième de notre collège ont lu un extrait du Discours de distribution des prix du lycée d’Albi, rédigé par Jean Jaurès en 1903, affirmant par-là la volonté collective de construire un idéal commun libre, égalitaire et fraternel.

 

Extrait du discours de Jean Jaurès à la jeunesse

 

            « (…) depuis vingt siècles, et de période en période, toutes les fois qu’une étoile d’unité et de paix s’est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre. […]  Quoi donc? La paix nous fuira-t-elle toujours? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d’or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l’antique palais de Priam incendié par les torches ? Non ! Non ! Et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j’ose dire, avec des millions d’hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves travaillent : la démocratie, la science méthodique, l’universel prolétariat solidaire. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d’échanges, de conventions; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d’aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.

              Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l’ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races. Oui, comme l’histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c’est une certitude toute faite. Il n’y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d’où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu’il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu’il dépend de vous, par une volonté consciente délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine.

 

              […]  Non, je ne vous propose pas un rêve décevant; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Que nul de vous ne croie que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l’accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre; elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France, et parce qu’elle est humaine.

Jean JAURÈS, Discours de distribution des prix du lycée d’Albi, 1903

 

 

 

 

 

 

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