Histoire
Ce bâtiment reste associé dans la mémoire des Illkirchois au tristement célèbre François Joseph Klingin qui en 1725 succède à son père Jean-Baptiste dans la charge de prêteur royal de la ville de Strasbourg. Animé par des goûts de luxe F.J. Klingin est séduit par le cadre bucolique d’Illkirch-Graffenstaden et par l’environnement constitué par de magnifiques forêts.
François-Joseph aime le luxe et la vie fastueuse. Il prend l’habitude de vivre très au-dessus de ses moyens, et pour réaliser ses rêves de grandeur, il n’hésite pas à puiser dans la caisse municipale, profitant de la complaisance intéressée de certains membres du magistrat et de la crainte respectueuse qu’il inspire aux autres.
En 1720, avant même d’être prêteur, François-Joseph fait construire une maison de campagne à Illkirch, maison que l’on peut situer entre l’actuelle orangerie et le terrain de sport.
Mais dès 1725, avec la nouvelle fonction, J.J. Klingin peut déployer un nouveau zèle : la maison de campagne est agrandie de bâtiments somptueux, jusqu’à mériter le qualificatif de château. C’est l’Illburg ou Illhausen qui prend ainsi le relais de l’ancien château d’Illkirch totalement disparu au XVIIIème siècle.
L’Illburg, ceinturée d’un fossé alimenté par les eaux de l’Ill, est entourée d’un parc majestueux qui s’étend depuis la » Petite Ill » jusqu’à la route de Lyon et qui comprend un petit lac, aujourd’hui comblé. L’orangerie a été construite aux alentours de 1735. Comme le château a été détruit lors de la révolution de 1789, l’orangerie reste le seul témoin de l’ensemble architectural qui constituait la propriété de Klingin.
Hans Haug en attribue les plans et la construction à l’architecte Jean-Pierre Pflug qui avait déjà réalisé l’hôtel du préfet. La grille du parc, celle de l’escalier et celle de la terrasse sont l’œuvre de Sigismond Falkenhauer, serrurier de la ville de Strasbourg et membre du grand Sénat, l’un des plus grands maîtres de la ferronnerie d’art strasbourgeoise.
L’orangerie elle-même se présente sous l’aspect d’un bâtiment central assez important, flanqué de deux pavillons. Tout l’édifice est construit suivant les lois de la symétrie. Par rapport à un axe constitué par l’arrondi de l’escalier, la porte-fenêtre centrale et la troisième lucarne, se succèdent dans l’ordre : un pavillon annexe, quatre fenêtres ou portes-fenêtres et deux lucarnes. La partie supérieure du bâtiment est très caractéristique de la manière des grands architectes du style Régence, Massol et Pflug : le toit brisé à la mansarde permet d’obtenir des lucarnes d’assez grande taille.
Au cours de la première guerre mondiale, l’orangerie servira comme étable à vaches.
En 1929 le bâtiment fût racheté par la commune d’Illkirch-Graffenstaden et pendant vingt ans un artisan s’attela à la restauration des grilles et des rampes.
Il faudra des cris d’alarme comme celui de Roland Oberlé pour que cette orangerie ne soit pas abandonnée.
Après 1968 ( date de la création de la Communauté Urbaine de Strasbourg ), la commune d’Illkirch-Graffenstaden céda à la C.U.S. le bâtiment qui fut restauré. Il sert maintenant comme centre administratif pour le Collège du Parc.
« Aspect d’Illkirch-Graffenstaden » de F. Sarg